Cimier de danse

Au Nigeria, l’embouchure du fleuve Niger constitue un vaste réseau d’estuaires qui forment le deuxième delta du monde. Les hommes colonisèrent d’abord le nord-est avant de pénétrer dans la zone des marais d’eau douce et, par la suite, aux alentours de l’an 800, atteindre la mangrove à proximité du littoral. Les Ijo, dont on connaît plus d’une trentaine de clans, furent probablement les premiers arrivants, suivis par d’autres groupes de populations. 

L’eau domine le paysage et conditionne les croyances de ces populations qu’elles vivent de pêche, de chasse, d’agriculture ou du commerce avec leurs voisins de l’intérieur des terres. Le fleuve, bénéfique mais également puissant et dangereux, se doit d’être célébré. Malgré leurs diversités et la complexité de leurs traditions, toutes partagent la même croyance en un dieu créateur féminin, en des dieux de la guerre, en des esprits de la brousse et de l’eau.

Ce sont les hommes de la société egbukele, chez les Ijo et les Igbo notamment, qui sont chargés d’établir et de maintenir le contact avec ces esprits dont l’hostilité risquerait de déstabiliser les échanges extérieurs et la société toute entière. Lors de rites traditionnels, ils mettent en scène et « dansent » les esprits de l’eau. Ces masques « sortent » dans l’eau ou à proximité de l’eau, dans des danses spectaculaires, parfois violentes.

Ces cimiers, en bois sculpté, souvent de grande dimension, sont soit peints, soit recouverts de croûtes sacrificielles lorsqu’ils sont l’objet d’offrandes ou de sacrifices propitiatoires. Ils représentent les « caractères » pacifiques ou belliqueux des esprits de l’eau et font référence au monde aquatique, aux animaux associés à l’eau : poissons, crabes, hippopotames, crocodiles, dauphins, requins, poissons-scies, antilopes, bouquetins, ainsi qu’à leurs messagers auprès des hommes, tel l’aigle pécheur. D’autres associent des traits anthropomorphes à des traits zoomorphes complexes.