Séjen oiseau, sommet de canne des champions cultivateurs Sénoufo

Pays : Côte d'Ivoire

Région : Korhogo

Matériaux : Bois

Dimension : Envergure 56 cm

Sa présentation

Sejen, l’oiseau, emblème des cannes des champions-cultivateurs, est particulier à quelques groupes Senufo vivant dans les régions de Korhogo et de Boundiali, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire : les Kafibele, les Kassembele et les Gbato ainsi qu’au sud du Mali dans la région de Kadiolo. 

Généralement représentés en vol, portant sur les ailes des petits, ces oiseaux en bois sculpté – seuls, par paires ou par groupes de trois – sont placés au sommet d’une canne plantée au milieu du champs.

L’oiseau – créé avec la tortue, le caméléon, le python et le crocodile, après la séparation des eaux de la terre – tient un rôle majeur dans l’organisation de l’univers cosmogonique Senufo. Chez les populations Senufo du centre de la Côte d’Ivoire, l’oiseau est remplacé par une statuette féminine. 

L’oiseau, comme la figure féminine, sont une représentation symbolique de la fertilité, de la fécondité, et de la nécessaire solidarité entre les générations. 

Cette canne, longue parfois de deux mètres, au sommet de laquelle flotte au gré du vent une grande bande d’étoffe, préside à la compétition rituelle qui désignera le meilleur cultivateur de l’année. La compétition, qui oppose de jeunes initiés au poro (principale société secrète d’initiation masculine, pilier de cette vie communautaire qui s’appuie sur un système de prestations et d’obligations réciproques) a lieu pendant la saison agricole au moment de la préparation des champs pour les cultures. De l’aube à la tombée de la nuit, les adolescents vont, sans relâche et avec force, manier la grande houe au rythme des tambours et des xylophones, encouragés par des chants et des danses. 

Ce rude travail de labour, ainsi ritualisé, est considéré comme un acte sacré favorisant la fertilité et il a un rôle de cohésion sociale.

À la fin des travaux, le vainqueur de l’année est proclamé.  Il est ovationné par des chants et des poèmes louant son habileté, sa force, son endurance, ses souffrances et sa capacité à entraîner son équipe dans l’effort. Gagner le titre de champion cultivateur, et le droit de travailler et de danser avec le trophée à chaque manifestation liée aux rites agraires, est le plus grand honneur qu’un jeune Senufo puisse recevoir.

Cette distinction lui confère le statut de héros de culture qui a montré sa force de travail et qui a œuvré pour le salut des siens en pourvoyant à la nourriture des anciens et des défavorisés. Ce prestige, qui restera à jamais attaché à son nom, s’étend à ses pairs et rehausse la fierté des membres de son lignage qui partagent son espace de vie

Le bâton-trophée est traditionnellement, transmis aux vainqueurs des classes d’âges suivantes de jeunes initiés au poro. Il peut ainsi avoir été attribué à plusieurs « générations » de champions. 

Lors des rites funéraires associés à la mort du héros ou d’un membre de sa parenté, le trophée sera placé, en hommage, devant la maison où repose le corps.

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